Par Mme Joëlle GARRIAUD-MAYLAM,
Sénatrice des Français établis hors de France, Secrétaire de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces Armées du Sénat, Présidente de Commission à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, Présidente déléguée du Groupe d’amitié France-Pays du Golfe du Sénat (Émirats Arabes Unis)
Alors que le Moyen-Orient est en train de s’affirmer comme le barycentre des équilibres géopolitiques de demain, notre relation avec les Émirats Arabes Unis prend une dimension de plus en plus essentielle. Depuis le partenariat stratégique de 1995, la fédération s’est révélée être un partenaire fiable pour la France en matière de défense. Ouverte sur demande émirienne par le Président français Nicolas Sarkozy en 2009, la base navale d’Abou Dhabi, première implantation militaire tricolore créée en territoire étranger depuis plus de 50 ans avec 700 hommes aujourd’hui, est au cœur d’une coopération militaire intense, comme j’ai encore pu m’en rendre compte le 11 novembre 2017 en y commémorant avec nos troupes la fin de la Première guerre mondiale. Le potentiel de densification de cette relation est important dans le contexte de lutte contre le terrorisme. La Fédération est aussi l’un des pays du Golfe ayant le mieux réussi sa diversification économique, la manne pétrolière ayant été mobilisée pour financer la montée en puissance du secteur tertiaire. Plus de 600 sociétés françaises sont déjà implantées aux Émirats et deux fonds d’investissement franco-émiriens ont été créés pour soutenir un vivier de start-up françaises. Le potentiel de coopération dans le domaine de la transition énergétique est important, les Émirats ayant l’objectif d’atteindre 50% d’énergie non fossile d’ici à 2050. En tant que responsable des Émirats au sein du Groupe d’amitié sénatorial des pays du Golfe, je m’investis bien sûr dans la diplomatie économique, tant en soutien des entreprises françaises dans ce pays qu’en faveur d’une diversification des investissements émiriens en France. Mais s’il est un domaine dans lequel la diplomatie parlementaire mérite d’être étoffée, c’est bien celui de l’éducation et de la culture, dans lequel les autorités émiriennes investissent massivement. La création en 2006 de l’Université Paris Sorbonne-Abou Dhabi s’inscrivait déjà dans la stratégie émirienne visant à développer une économie de la culture et du savoir. En une décennie, ce mouvement a pris de l’ampleur. Ayant pris part à la délégation d’Emmanuel Macron à l’occasion de l’inauguration du Louvre Abou Dhabi – premier musée universel dans le monde arabe et plus grand projet culturel porté par la France à l’étranger – j’ai été impressionnée par l’intérêt de nos interlocuteurs pour la francophonie. Les Émirats sont devenus membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 2010 et sont désormais conscients de l’intérêt de réintroduire l’enseignement du français dans les écoles publiques d’où il avait été supprimé. Nous devons soutenir cet élan, tant par des dispositifs d’appui aux structures locales d’enseignement comme le label FrancEducation ou l’envoi de Volontaires internationaux d’Enseignement (VIE) en français, qu’à travers notre audiovisuel extérieur, nos lycées français et le réseau des Alliances. L’ouverture d’une annexe de l’Alliance française de Dubaï au coeur de l’impressionnant Knowledge Park est, à cet égard, un jalon d’importance. Les Émirats sont l’une des zones où nous pouvons démontrer que la francophonie n’est pas un simple héritage, un supplément d’âme à la politique ou un gadget culturel, mais bien un fer de lance de notre diplomatie économique et d’un dialogue géopolitique approfondi. |